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Impôt sur les successions et les donations

Votation populaire du 30.11.2025 - L’initiative populaire de la Jeunesse socialiste suisse « Pour une politique climatique sociale financée de manière juste fiscalement (initiative pour l’avenir) » porte sur la création d’un impôt fédéral de 50 % sur les successions et les donations, après déduction d’une franchise unique de 50 millions de francs. Ainsi, si une personne hérite par exemple de 200 millions de francs, les 50 premiers millions seront exonérés de l’impôt, tandis que les 150 millions restants seront soumis à un taux d’imposition de 50 %. Le montant de l’impôt dû s’établira donc à 75 millions de francs.

L’essentiel en bref

À l’heure actuelle, 24 cantons perçoivent un impôt sur les successions, et 23 d’entre eux imposent également les donations (le canton de Lucerne n’a pas d’impôt sur les donations, et ceux d’Obwald et de Schwyz n’imposent ni les successions ni les donations). Les époux et les descendants directs sont généralement exonérés de l’impôt ou bénéficient d’un allégement fiscal. Il n’existe pas d’impôt sur les successions et les donations à l’échelon fédéral.

L’initiative porte sur la mise en place d’un impôt fédéral sur les successions et les donations. Le comité d’initiative estime que cet impôt générerait en moyenne 6 milliards de recettes par an. Les estimations de la Confédération sont, quant à elles, nettement plus modestes et montrent que l’initiative pourrait induire un manque à gagner pour les trois échelons de l’État. Il est en effet probable que les contribuables potentiellement concernés décident de quitter la Suisse ou de ne pas s’y installer, ce qui ferait également diminuer le produit des impôts existants sur le revenu et sur la fortune.

Conférence de presse

Contexte

La Suisse entend éliminer ses émissions de gaz à effet de serre et atteindre ainsi la neutralité climatique d’ici à 2050. La Confédération dispose d’un budget supérieur à 2 milliards de francs par an pour financer des mesures d’encouragement ciblées dans ce domaine. Selon les auteurs de l’initiative, la politique climatique actuelle n’est toutefois pas assez ambitieuse. Ils demandent ainsi la création d’un impôt de 50 % sur les successions et les donations de plus de 50 millions de francs afin que davantage de ressources budgétaires puissent être affectées à la protection du climat. On estime qu’environ 2500 ménages disposent d’une fortune supérieure à 50 millions de francs en Suisse.

Principales mesures

La création d’un impôt fédéral sur les successions et les donations nécessite une modification de la Constitution. L’initiative prévoit les dispositions suivantes :

  • Le nouvel impôt fédéral s’ajoutera aux impôts sur les successions et les donations déjà en place dans la plupart des cantons. Les cantons resteront compétents pour la perception de ces derniers.
  • Le nouvel impôt fédéral sera perçu sur la somme de la succession et de toutes les donations, après déduction d’une franchise unique de 50 millions de francs. Cette franchise sera régulièrement adaptée au renchérissement.
  • Le taux d’imposition sera de 50 %.
  • Le produit de l’impôt reviendra pour deux tiers à la Confédération et pour un tiers aux cantons, et devra servir à « lutter contre la crise climatique de manière socialement juste et permettre la transformation de l’ensemble de l’économie nécessaire à cet objectif ».
  • La Confédération édictera des dispositions d’exécution sur la prévention de l’évitement fiscal, en particulier en ce qui concerne les départs de Suisse, l’obligation d’enregistrer les donations et l’exhaustivité de l’imposition.
  • Le nouvel impôt fédéral s’appliquera aux successions et aux donations effectuées à partir de l’acceptation de l’initiative, même si les dispositions de mise en œuvre entrent en vigueur à une date ultérieure.

L’initiative pourrait, en fin de compte, faire baisser les recettes fiscales

Un impôt de 50 % sur les successions et les donations qui dépassent 50 millions de francs réduirait l’attrait de la Suisse comme lieu de domicile pour les personnes fortunées. Or il s’agit des personnes qui, compte tenu de la progressivité des impôts sur le revenu et sur la fortune, contribuent déjà dans une large mesure aux recettes de la Confédération, des cantons et des communes, et donc aussi à la politique climatique.

L’impôt proposé influerait considérablement sur le comportement de ces contribuables. C’est en tout cas la conclusion de l’analyse que le professeur Marius Brülhart de l’Université de Lausanne a réalisée à la demande de l’Administration fédérale des contributions (AFC). Selon le professeur Brülhart, la Suisse pourrait perdre entre 77 et 93 % du substrat fiscal potentiel, une fois prises en compte les modifications de comportement. Les estimations de l’AFC fondées sur cette analyse et des données supplémentaires des cantons indiquent même que les pertes de substrat fiscal pourraient se situer dans une fourchette allant de 85 à 98 %. L’impôt fédéral sur les successions et les donations ne rapporterait donc plus qu’un montant oscillant entre 100 et 1,1 million de francs environ. En outre, ces nouvelles recettes seraient contrebalancées par un important manque à gagner au niveau des impôts actuels sur le revenu et sur la fortune. La mise en œuvre de l’initiative pourrait en fin de compte faire baisser les recettes fiscales de la Confédération et des cantons, d’autant que des personnes actuellement domiciliées à l’étranger pourraient renoncer à s’installer en Suisse en raison de la réforme. L’AFC estime que les pertes de recettes pourraient varier entre 200 millions et 3,6 milliards de francs. À noter toutefois que cette estimation reste entourée d’incertitudes, malgré l’amélioration des données disponibles.

Le manque à gagner lié à la baisse des recettes provenant des impôts sur le revenu et sur la fortune concernerait, pour l’essentiel, les cantons et les communes et, dans une moindre mesure, la Confédération. La création d’un impôt fédéral sur les successions et les donations réduirait en outre la marge de manœuvre des cantons pour la fiscalisation de ces opérations. Enfin, les cantons percevraient une partie du produit du nouvel impôt, mais ils ne seraient pas libres d’en disposer, car l’initiative prescrit l’affectation des recettes à la politique climatique.

Début de l’imposition et mesures contre l’évitement fiscal

Les auteurs de l’initiative demandent que les successions et donations soient imposées dès l’acceptation du texte mis en votation. Ainsi, la succession d’une personne décédée le jour de l’acceptation de l’initiative serait soumise au nouvel impôt fédéral. Les dispositions relatives à la prévention de l’évitement fiscal ne pourraient toutefois être appliquées qu’à partir de leur entrée en vigueur (et n’auraient donc pas d’effet rétroactif). Il reste par ailleurs à déterminer quelles mesures contre l’évitement fiscal pourraient être prises et appliquées à l’échelle internationale. Pour des raisons constitutionnelles, le Conseil fédéral est défavorable à la perception d’un impôt sur la fortune des personnes quittant la Suisse. Il estime qu’il s’agirait d’une atteinte disproportionnée à la liberté personnelle et à la liberté d’établissement, étant donné qu’un départ peut être motivé par des raisons autres que la volonté d’éviter l’impôt.

La Suisse poursuit déjà une politique volontaire en faveur du climat

Le Conseil fédéral partage l’objectif premier de l’initiative, à savoir la protection du climat. La Confédération poursuit déjà une politique volontaire en la matière. En adoptant la loi sur le climat et l’innovation, la loi sur le CO2 et la loi sur l’approvisionnement en électricité, elle s’est dotée des instruments juridiques nécessaires pour atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050. Elle dispose ainsi d’un budget supérieur à 2 milliards de francs par an pour la protection du climat et la transition énergétique.

Le mode de financement proposé par les auteurs de l’initiative n’inciterait guère les contribuables concernés à adopter un comportement ménageant l’environnement, car ils devraient s’acquitter de ce nouvel impôt indépendamment de leur empreinte carbone. Le projet pourrait même être contre-productif. Si l’initiative atteignait son objectif budgétaire, les recettes du nouvel impôt fédéral sur les successions et les donations devraient être utilisées exclusivement aux fins de la lutte contre le changement climatique, peu importent les besoins réels. L’État risquerait ainsi d’engager des dépenses inefficaces et inutiles, et il faudrait s’attendre à des effets d’aubaine.

Précédente votation sur un impôt national sur les successions

La votation la plus récente sur la création d’un impôt national sur les successions date de 2015. Les auteurs de l’initiative « Imposer les successions de plusieurs millions pour financer notre AVS (réforme de la fiscalité successorale) » demandaient la perception d’un impôt fédéral de 20 % sur les successions et les donations dépassant 2 millions de francs. Ils prévoyaient des exonérations et des allégements fiscaux à certaines conditions. Deux tiers du produit de l’impôt auraient été versés à l’AVS, et un tiers aux cantons. Contrairement à l’initiative pour l’avenir, la réforme de la fiscalité successorale visait à supprimer les impôts cantonaux sur les successions et les donations. Le projet a été rejeté par le peuple et les cantons le 14 juin 2015 à 71,7 % des voix.

Foire aux questions (FAQ)

L’initiative et ses conséquences

Estimations et données disponibles

Aspects liés à la politique climatique

Documents

Communiqués de presse