SpeechesPublished on 9 April 2025

Séance du Conseil fédéral extra muros à Neuchâtel

Apéro avec la population lors de la séance du Conseil fédéral extra muros à Neuchâtel 9 avril 2025 - La présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter

La parole prononcée fait foi

Madame la présidente du Conseil d’Etat,
Madame la présidente de la ville de Neuchâtel,
Mesdames et Messieurs les représentants des autorités fédérales, cantonales et communales,
Chères Neuchâteloises, chers Neuchâtelois,

J’aimerais tout d’abord remercier les autorités de la ville et du canton de Neuchâtel pour leur accueil chaleureux et généreux. Et mon merci va aussi à toute la population ici réunie.

Le Conseil fédéral est ravi d’être avec vous aujourd’hui. C’est notre vingtième séance extra muros et je suis particulièrement heureuse qu’elle se déroule à Neuchâtel.

Vous le savez peut-être, j’entretiens une relation de longue date, une relation presque affective avec la République et Canton de Neuchâtel. C’est ici que j’ai appris le français et que j’ai compris l’importance de s’exprimer en plusieurs langues, alors que je fréquentais l’Ecole supérieure de commerce – aujourd’hui Lycée Jean-Piaget.

Les Neuchâtelois sont fiers de parler le meilleur français de Suisse. Certains esprits chagrins – ou disons le clairement, puisque nous sommes entre nous, des envieux - s’amusent de cette réputation et affirment qu’il s’agit d’un mythe. Un mythe créé pour attirer les étudiants de Suisse alémanique...

Rien de plus faux, j’ose l’affirmer ! Et ce n’est pas l’ancienne étudiante saint-galloise qui le dit mais bien la science ! Le professeur de linguistique Mathieu Avanzi affirme que : « si on estime qu’il y a une façon de parler le français qui est meilleure qu'une autre, alors effectivement, on peut dire qu'à Neuchâtel, on parle le meilleur français de Suisse ».

Cette perception remonterait aux 17e et 18e siècles, époque où Neuchâtel attirait des ribambelles d’aristocrates et d’intellectuels par sa culture. Cette sensation de langue plus pure est aussi liée à l’abandon des patois locaux avant les autres cantons romands.

Quant à moi, je confirme que le français de Neuchâtel est délicieux. Et je vous laisse juger de mon accent… surtout quand je m’essaie au pâtois neuchâtelois tout en étant à la « kouète *» pour l’apéro (*oui, oui, on se presse pour l’apéro).

Neuchâtel est un canton qui conjugue tradition et innovation, un haut lieu de la culture et du savoir. Berceau de l’horlogerie de précision, de la dentelle, tiraillé entre ceux du Haut et ceux du Bas - les premiers sont mes préférés, les deuxièmes, mes favoris-, entre la montagne et le lac, entre la beauté et la convivialité.

Tellement d’attraits ; je crains que vous ne deviez introduire un péage pour freiner le surtourisme, comme à Venise, si je continue à chanter vos louanges. En même temps, en ma qualité de ministre des finances, je ne dirais pas non à des recettes supplémentaires….

Là, je sens que vous allez bientôt m’envoyer me balader sur votre Passerelle de l’Utopie, cette promenade qui invite à réfléchir au possible et à l’impossible.

La passerelle a été réalisée pour les 700 ans de la Confédération ; c’était en 1991, alors que l’Union soviétique implosait et la première guerre du Golfe faisait rage. Aujourd’hui, nous sommes de nouveaux confrontés à un bouleversement de l’ordre mondial.

Dans ce contexte d’insécurité qui se répète, comment comprendre l’utopie promise par votre passerelle? C’est peut-être un appel à poursuivre un idéal, tout en gardant les pieds sur terre.

Je crois que nous avons trouvé un sujet de discussion à l’heure de l’apéro ! Chères Neuchâteloises, chers Neuchâtelois, vivons notre moment d’utopie en faisant de cette rencontre le sommet de la paix et de la joie, au moins l’espace d’un verre de l’amitié!